Le guide de naissance Montessori
Eduquer à la naissance
Maria Montessori a beaucoup travaillé en binôme avec sa collaboratrice Adèle Costa-Gnocchi. Pendant que Maria Montessori voyageait dans le monde pour développer sa méthode, Adèle, elle, restait en Italie, ouvrait des écoles Montessori et des lieux de prise en charge pour les plus jeunes. Après avoir étudié de longues années avec le Docteur Montessori, elle a élaboré ses propres recherches et observations que Maria Montessori a entièrement validé comme un continuum de sa découverte pour les 3/6 ans. D’ailleurs le docteur dit à ce propos : « A 3 ans, l’enfant a déjà posé les fondations de la personnalité. » , elle souligne ici l’importance des 3 premières années qui sont fondatrices de l’adulte en devenir.
Adèle Costa-Gnocchi a beaucoup travaillé autour de la naissance et sur l’enfant de moins de 3 ans. Elle a élaboré pour les parents et les soignants un guide en 15 points tiré de ses observations du petit enfant. Elle met l’accent sur la sensibilité du nouveau-né et insiste sur la grande attention dont il a besoin pour grandir. Elle parle également de l’importance de l’allaitement.
Voici les 15 points élaborés par Adèle Costa-Gnocchi dans son guide :
1/ Le nouveau-né est très sensible on ne doit pas le traiter brusquement. Ici elle nous conseille la plus grande douceur dans la manipulation du bébé sortant d’un milieu aquatique et acculé par la pesanteur de notre monde. Lui qui flottait dont les mouvement étaient légers, se retrouve dans la lourdeur d’un autre monde.
2/ Ses besoins les plus profonds sont ignorés. Elle entend par là les besoins psychiques du nourrisson qui s’incarne dans un corps. Il a besoin de développer son psychisme autant que de boire et de manger, c’est vitale pour lui.
3/ Les premiers jours de sa vie sont les plus importants. Ces premiers jours parlent de sa capacité d’adaptation à la vie extra utérine. Respirer, apprendre à se nourrir, digérer, évacuer, dormir c’est un grand travail pour l’enfant d’apprendre tout cela.
4/ La différence entre le monde intra-utérin et le nôtre est énorme. Notre monde est sonore avec des températures qui varient, tout va vite, la luminosité est forte, c’est un changement énorme auquel on doit tenir compte en prenant en charge le nouveau-né.
5/ Aider doucement et délicatement le bébé dans un environnement si différent signifie soulager la douleur de faire face a sa nouvelle vie. Voici l’état d’esprit à avoir pour accueillir le bébé.
6/ Il a besoin de silence, d'obscurité et de solitude avec sa mère durant les premiers jours. Il faudra préserver le nourrisson des bruits environnants afin qu’il s’y habitue en douceur idem pour la lumière le temps des premiers jours. Il sera important de réduire les visites, les sollicitations les premiers jours, le temps de découverte entre la mère et son enfant.
7/ Il a besoin de repos absolu lors des premiers jours car le passage de la naissance est extrêmement fatiguant pour lui.
8/ Aucun mouvement ne sera assez lent et doux pour lui. C’est important d’avoir des gestes lents et assurés lors du portage, des soins, afin que l’enfant se sente contenu, en sécurité qu’il puisse relâcher les tensions des évènements liés à la naissance.
9/ Aucun tissu ne sera assez doux pour son corps nu. Le nouveau-né venant d’un milieu aquatique dans la chaleur et la douceur du liquide amniotique, il sera important de l’envelopper dans des tissus doux tel la soie du topponcino.
10/ Rien ne peut remplacer la chaleur, la présence et la clairvoyance de sa mère. En tant que professionnel, il est important de valoriser la mère et de l’entourer de bienveillance, de lui faire confiance. Pour les parents, faites-vous confiance, vous êtes les mieux placés pour savoir ce dont a besoin votre enfant.
11/ Le lait maternel est l'aliment irremplaçable qui confère une communion à la relation mère enfant. Adèle Costa-Gnocchi était une fervente militante de l’allaitement maternel. Le lait maternel est un véritable miracle, il contient tous les éléments nécessaires à la croissance de l’enfant, apporte les graisses nécessaires et permet l’hydratation à température adéquate.
12/ La découverte et l'observation de l'environnement les aliments psychiques irremplaçables du petit-enfant. Dès lors qu’il parvient à attraper et saisir, il est intéressé par son environnement et souhaite tout attraper, mettre dans sa bouche pour découvrir, se construire. Il aime également observer en dehors de la poussette lors des promenades ou dans son foyer, il est attentif à ce qui se vit dans la famille et ce sont ces choses-là qui le nourrissent dès tout-petit.
13/ L'enfant ne pleure pas simplement parce qu'il a faim ou froid souvent ses cris sont l'expression des besoins psychiques auquel nous devons répondre. Mme Costa-Gnocchi explique que les besoins psychiques sont aussi importants pour l’enfant que de manger et boire et il peut aussi se manifester pour un besoin de proximité avec sa maman, d’attention, de portage qui participe à son développement et à sa santé.
14/ L'ennui est le terrain sur lequel se développe un état pathologique (régression du développement). Elle nous met en garde sur le fait que l’ennui peut être une porte ouverte au trouble et à la régression du développement.
15/ Pour les sens qui s’éveillent il est nécessaire de donner de la nourriture progressivement est toujours renouvelée pour nourrir les interactions croissantes. Ici, elle conseille de donner à l’enfant peu de matériel à la fois afin qu’il découvre de manière progressive par ses sens les matières, les formes…
Par ce guide, Adèle Costa-Gnocchi et Maria Montessori nous donnent une autre vision de la naissance et du nourrisson, très empathique et étonnante qui remet en question le travail en maternité et l’accueil du nourrisson pour encore plus de prise en compte des besoins du nourrisson et de sa mère.