Comment gérer l'angoisse du 8ème mois ?
Votre bébé, qui jusque là était très sociable, se met à pleurer dès que vous vous éloignez ou vous sortez de la pièce. Il ne veut plus rester avec sa mamie ou sa tata, ni aller dans les bras de vos ami(e)s, ni sourire à la caisse du supermarché, ni même faire un câlin aux personnes de la famille. Son visage se crispe, il exprime son inquiétude face à un étranger. Vous passez de longues minutes à le calmer dans vos bras, il ne veut que sa mère (ou son père) et n’est apaisé que près d’eux. Il a autour de 8 mois. Nous y voilà! C'est bien l’angoisse du 8 ème mois !
1- Pourquoi mon bébé de 8 mois pleure ?
a- Le processus d'individuation :
L’enfant qui était alors en fusion avec sa mère depuis sa formation dans l’utérus, commence un processus d’individualisation, de « défusion ». Alors qu’il ne distinguait pas qu’il était différent de sa mère avant cela, il est en train d'en prendre conscience et cela l'angoisse beaucoup. Votre enfant a généralement autour de 8 mois (cela peut être un peu avant ou un peu après).
Petit à petit, il construit une conscience de lui en tant qu’être singulier, séparé de sa mère et des autres. C’est cette prise de conscience qui le met en insécurité et le rend très inquiet devant d’autres personnes ou lors d’une séparation. Ce qui est très difficile quand on doit partir travailler et qu’on doit laisser son enfant en larmes et apeuré. On se sent coupable de le laisser dans cet état émotionnel et notre coeur de parent se déchire. C’est un réel traumatisme pour le(s) parent(s) et pour l’enfant.
2-Comment rassurer mon bébé de 8 mois ?
a- Accueillir l'émotion :
Il est primordial d’accueillir l’émotion du tout-petit, la respecter et la considérer. Imaginez, il se sentait en sécurité ne se dissociait pas de sa mère et là il réalise soudain, qu’il n’est pas son parent mais qu’en plus ce parent peut s’absenter, ce qui l’angoisse profondément. Ce n’est pas rien c’est vraiment une vive émotion et une vive douleur pour l’enfant.
b- Utiliser un objet transitionnel :
L’utilisation d’un objet transitionnel (doudou, linge avec l’odeur de la maman…) pendant les temps de séparation, peut être un bon support pour l’enfant lors de cette période difficile à vivre pour lui et ses parents. Cet objet est une théorie élaborée par D. Winnicott, un pédopsychiatre anglais, c'est un objet utilisé par un enfant pour représenter une présence rassurante. Il rattache l'enfant à la mère tout en l'aidant à s'en séparer.
c- La période d'adaptation :
Si durant cette période, vous devez faire garder votre enfant dans un nouvel endroit, par exemple si vous reprenez le travail et que vous avez obtenu une place en crèche, veillez à faire une adaptation assez longue pour que l'enfant puisse s'habituer aux nouvelles personnes et au nouvel environnement. La présence d’un parent lors de l'adaptation à la crèche ou chez une assistante maternelle ou chez des amis est très importante pour que l’enfant se sente en sécurité et apprivoise l’environnement avec le soutien de ses parents, dans une forme de transition.
3-Quand se termine l'angoisse de séparation ?
Selon la théorie du Docteur Spitz, un psychiatre américain, 3 signes sont garants d’une bonne construction psychique de l’enfant qu’il appelle « organisateur »:
- 1/Le premier organisateur : le sourire réponse que l’enfant esquisse autour de 2 mois en réponse à un visage humain, de manière intentionnelle.
- 2/Le deuxième organisateur : la fameuse angoisse du 8 ème mois découlant de la reconnaissance de l’identité maternelle comme un Autre.
- 3/Le troisième organisateur : Le « NON! » autour de 18 mois. L'enfant identifie l’autre ainsi que sa propre volonté et affirme son individualité. Pour en savoir plus : https://icimontessori.com/blog/article/cest-quoi-le-terrible-two
Pour résumer, l'angoisse du 8ième est passagère, elle ne dénote rien d'inquiétant au contraire, elle est le signe d'une bonne organisation psychique et d'un développement “normal” une construction harmonieuse de la personnalité de l’enfant. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir même si c’est un moment très difficile à vivre pour les parents, et très culpabilisant quand on doit se séparer de l’enfant pour aller travailler, mais souvenez-vous, l'importance est d'être “suffisamment bonne”.